Bien que la France soit le pays d'Europe qui pratique le plus de tests (9 tests pour 100 000 habitants, contre 2,5 pour l'Allemagne ou 1,8 pour les Pays-Bas) et que "Tester, tracer, isoler" soit devenu sa devise, on voit aujourd'hui que cette politique a été et est toujours loin d'être l'arme absolue. L'article que vient de publier la prestigieuse revue Nature, revient sur l'échec de cette stratégie de dépistage global.
L'étude de l'Inserm qui a porté sur la période du 13 mai au 28 juin, soit les sept semaines post-confinement, a retrouvé seulement 14 000 cas officiellement enregistrés sur les 104 000 patients qui ont déclaré des symptômes de la Covid-19, soit 87 % de patients non dépistés. De plus, seulement 31 % des patients symptomatiques ont consulté un médecin, la plupart des malades se contentant de se soigner à domicile. Sans parler de toutes les patients asymptomatiques, qui par définition ne sont pas détectées et qui représenteraient entre 17 % à 25 % de tous les cas.
Les auteurs mettent en évidence plusieurs points pouvant expliquer cet échec :
- Le large accès aux tests sans priorisation a fini par saturer le système, menant à des délais exorbitants dans la délivrance des résultats.
- Le traçage des cas contacts s'est également révélé inefficace : il faudrait en fait 30 personnes pour tracer les contacts pour 100 000 habitants soit 20 000 employés à plein temps pour la France.
- La "mauvaise volonté" des malades qui ne s'isoleraient pas correctement.
Ils concluent qu'il n'existe pas de politique miracle et que ni un confinement strict ni un dépistage massif ne constituent de solutions durables pour mettre fin à l’épidémie et qu'il faudra donc attendre la fameuse immunité collective conférée par les vaccins pour revenir à la vie "normale".
Source (en anglais)